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Édito

Invitant chaque année un·e artiste à poser un regard sur un quartier de la ville de Toulouse, à s’intéresser à ses espaces et à ses habitant·e·s et à s’infiltrer dans ses interstices, Le Nouveau Printemps revient en juin 2024 dans le quartier des Carmes/Saint-Étienne, l’un des plus anciens quartiers de Toulouse, dans ses musées et sur ses places publiques, dans ses boutiques et ses jardins. 

Le Nouveau Printemps par Alain Guiraudie

Conteur hors-norme, Alain Guiraudie a le secret des télescopages improbables, le goût des pas de côté et un sens aigu des liens aux territoires. Il réunit une vingtaine d’artistes contemporains qui nous plongent, entre légèreté et inquiétude, dans les incertitudes d’un futur fantasmé. Expositions, projets participatifs, installations dans l’espace public, performances… à l’image de ses films, il s’agit de trouver beauté et poésie là où on ne s’y attend pas.

Portrait d'Alain Guiraudie

Édito

Le monde contemporain est à la fois certain et incertain. On est tous à peu près sûrs de courir à la catastrophe mais on veut tous bien croire que ça va s’arranger. Est-ce que le monde d’aujourd’hui avec son avancée frénétique est porteur de promesse ? Ou est-ce qu’on est en train de vivre nos dernières heures ? On imagine qu’à toutes les époques les humains ont envisagé l’avenir entre promesse et inquiétude, on a toujours plus ou moins envisagé notre futur entre utopie et dystopie, entre enfer et paradis, entre horreur et bonheur. Et qui sait si un jour futur, les pires horreurs urbaines ne seront pas admirées par nos descendants. Peut-être diront-ils : « À l’époque, on savait encore faire de belles choses. »

Je pense orienter l’édition du Nouveau Printemps 2024 autour de ces dialectiques-là. Après la simple représentation du monde, c’est un enjeu de longue date dans l’art de faire se rencontrer l’idéal et le réel, le mythique et le prosaïque, le rêve et la réalité, de les faire même se télescoper. Et au-delà de ça, c’est aussi un enjeu majeur que d’aller chercher la beauté là où elle n’est pas, d’aller créer des objets de désirs là où on n’aurait pas cru. L’art, du moins celui qui m’intéresse, cherche à remettre en question les codes en vigueur, renouveler l’idée du beau, ou à brouiller les frontières entre le beau et le laid.

Pour l’heure j’ai invité des artistes, plutôt jeunes en règle générale, qui ont pour la plupart un regard tourné vers l’avenir, utilisant des nouvelles technologies, jouant avec elles, mélangeant dans leurs installations des matières et des objets vulgaires ou plus nobles, pour les assembler dans un projet esthétique. Certains se situent aux frontières de l’art, se nourrissant à la fois de science et de spiritualité pour leurs créations. Je pense aussi à des artistes qui sont tournés vers des utopies fanées, des mondes prometteurs à leur époque et qui sont soit tombés en ruines, soit des univers idylliques qui contiennent leur part inquiétante.

Alain Guiraudie

 

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